C’est un modèle allemand que vous connaissez sûrement moins que ceux provenant de BMW, Audi ou Mercedes. Et c’est peu dire que la Trabant et ses soeurs germaniques ont tout qui les oppose. Produite dans l’ex-Allemagne de l’Est (RDA), entre 1957 et 1991, la voiture du peuple est-allemand se démarquait par son inconfort, son moteur à deux temps d’une autre époque et son temps de livraison ridiculement long. Retour sur ce bolide aujourd’hui entré dans la légende, alors que la chute du mur de Berlin fêtera son 30e anniversaire le 9 novembre prochain.
Trabant : l’icône en toc de l’Allemagne communiste
La Trabant, c’est quoi ?
« Trabant » signifie « satellite » en allemand. Ce nom fait référence au satellite Sputnik envoyé dans l’espace en 1957 par l’URSS lors de la conquête spatiale, durant la Guerre Froide. Cette petite voiture fut produite en RDA, l’ex-Allemagne de l’Est, entre 1957 et 1991, par le constructeur IFA, sur le site automobile de Zwickau, à 300 kilomètres au sud de Berlin, près de la frontière tchèque. Durant la séparation de l’Allemagne, il s’agissait quasiment de la seule voiture produite en Allemagne de l’Est (avec la Wartburg et quelques autres marques). Fabriquée avec les moyens du bord dans un contexte économique difficile, elle faisait l’objet de moqueries tant ses performances et son confort faisaient défaut. Près de 3 millions de Trabi (surnom de la Trabant) ont été produites, permettant à leurs propriétaires de s’offrir la liberté de circuler… là où ils étaient autorisés à aller, bien sûr !
Les caractéristiques de la Trabi
- Moteur : à deux temps de 26 chevaux. Avec ce type de moteur, particulièrement polluant et bruyant, oubliez les discussions en voiture !
- Vitesse de pointe : 110km/h
- Consommation : 5,5L/100 km
- Poids : 600 kg. Aujourd’hui, une voiture pèse en moyenne entre 1 et 1,5 tonne !
- Carrosserie : en Duroplast, une matière plastique. L’Etat est-allemand était en effet en pénurie d’acier (produit dans la Ruhr de l’Allemagne de l’Ouest) et a dû se tourner vers un autre matériau pour fabriquer sa Trabant. Cela vaudra à la Trabant le surnom de « voiture en carton »…
- Production annuelle : 12.000. L’Allemagne de l’Est comptant 16 millions d’habitants, cela explique que les délais de livraison pouvaient atteindre… 10 ans ! Le modèle le plus répandu était la 601, produite à environ 2,8 millions d’exemplaires.
- Prix : environ 10.000 Ostmarks. Le salaire oscillait à l’époque entre 500 à 1500 Ostmarks/mois.
Le saviez-vous ? Le temps d’attente étant très long entre la commande et la livraison de la Trabant (environ 10 ans), le marché de l’occasion permettait d’acquérir le fameux bolide tout de suite… moyennant 20.000 à 30.000 Ostmarks ! Vous l’aurez compris, la voiture du peuple est-allemand était en réalité réservée aux plus fortunés et vue comme un objet de luxe.
Découvrez dans la vidéo ci-dessous comment conduire une Trabant !
Autrefois moquée, aujourd’hui collectionnée
Pour la Trabi, la route ne fut pas un long fleuve tranquille. Malgré son minimalisme et ses piètres qualités techniques, qui reflétaient une économie communiste chancelante, elle était considérée par les Allemands de l’Est comme un objet de liberté et de richesse. De l’extérieur, elle faisait cependant l’objet de railleries. Ainsi, il existe de nombreuses blagues allemandes sur cette voiture en plastique qui ne brillait pas par ses performances ! Selon les mauvaises langues, c’est lorsqu’elle est remorquée que la Trabant atteint sa vitesse maximale ou c’est en faisant le plein que vous pourrez doubler sa valeur…
Ces moqueries sont aujourd’hui complètement passées à la trappe suite à un étrange phénomène qui apparut quelques années après la chute du mur de Berlin : l’Östalgie, la nostalgie de l’Est. C’est ce vent de nostalgie qui a par exemple fait renaître l’Ampelmann, ce petit bonhomme coiffé d’un chapeau qui ornait tous les feux de signalisation piétons en Allemagne de l’Est… De même, la Trabi, dont la production a été arrêtée en 1991, est devenue un doux souvenir de cette période qui a marqué toute une génération d’Allemands, pour qui la Trabi leur rappelle les vacances et leur jeunesse. Elle est aussi l’un des symboles d’un événement phare de l’histoire : la chute du mur de Berlin. Une des oeuvres emblématiques de l’East Side Gallery, la partie du mur recouverte d’oeuvres d’art, à Berlin, représente en effet une Trabant traversant le mur.
Aujourd’hui, il y aurait environ 50.000 modèles toujours en circulation. De nombreux clubs dédiés aux propriétaires de la Trabant existent en Allemagne et il y en a même un en France !
Montez à bord d’une Trabant à Berlin
Si vous souhaitez voir une Trabant en chair et en os (ou plutôt en fer et en plastique), sachez qu’il existe un musée consacré à la voiture star de l’ex-RDA, à Berlin, le Trabi Museum, situé tout près de Check Point Charlie (ancien point de passage entre l’Est et l’Ouest de la ville). Pour 5 euros, vous pourrez en apprendre plus sur la production de la Trabant et découvrir des modèles inédits. Mais, et c’est là que cela devient intéressant, le musée organise aussi des Trabi-safaris dans Berlin. Le principe ? Vous réservez votre Trabant, que vous conduisez vous-même, en suivant un guide (dans une autre voiture), en tête d’un peloton d’autres conducteurs qui, ensemble, forment un Trabi-Safari. Vous pourrez ainsi découvrir, au volant de votre bolide, les monuments emblématiques de la ville, expliqués grâce à un commentaire audio diffusé dans la voiture. Un concept sympa qui vous fera passer pour une star le temps d’une balade, car de nos jours, un convoi de Trabant ne passe pas inaperçu !
Rouler en Trabi écolo, c’est possible ! Depuis 2014, Matthias Bähr, spécialiste de la reconversion électrique des moteurs à Dresde, pose des moteurs électriques sur les Trabant, connues pour être particulièrement polluantes. Si le processus est plutôt cher (entre 11.000 et 18.000 euros), cela a permis au petit bolide est-allemand de s’offrir un bain de jouvence ! Si vous êtes un écolo dans l’âme, vous pouvez effectuer des balades, à Berlin, à bord d’une Trabant nT, une nouvelle génération de Trabant équipées d’un moteur électrique mises au point en 2009 par IndiKar, une entreprise automobile basée près de Zwickau, où étaient produites les Trabant. Faute d’investisseurs, la Trabant nouvelle génération n’a jamais pu être produite à grande échelle mais il est possible de la conduire en réservant un E-Trabi Safari, à Berlin.
Auteur : Elodie Souslikoff
Et si vous souhaitez explorer les 800 km2 de la capitale allemande, vous pouvez louer une voiture (plus moderne qu’une Trabant!) dans l’une des 32 agences Sixt à Berlin. Nous sommes présents dans les deux aéroports, les principales gares et dans les différents quartiers de la ville.
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